La tristesse m’a kidnappé
et chaque matin, je pose
le journal du jour devant
ma poitrine
pour faire savoir au monde que je suis
encore vivant
le monde qui s’en fout
et j’ai failli rater
l’atterrissage, plus de cinquante années
sont tombées, et j’ai cru
à l’anéantissement
ma vie n’avait rien donné
les parcelles cultivées
n’étaient que friches, détritus
bouteilles vides au milieu de mauvaises
herbes, et je ne voyais plus
autour de moi, que les jardinets proprets
les petites vies bien rangées, sur les buffets
que de morts, de morts et encore de morts
dans des cadres qui prenaient la
poussière
Un autre matin, un autre matin
un autre matin
et jamais le jour ne se lève
et jamais la nuit
ne tombe
je suis là, encore
vivant
plus que jamais
plus riche, plus fort,
plus pur
l’eau fraîche coule du
robinet
de la cuisine
et le soleil grave la vitre sale
d’histoires qui viendront
remplir cette journée
et couvrir le journal
de chiures de mouches.
et chaque matin, je pose
le journal du jour devant
ma poitrine
pour faire savoir au monde que je suis
encore vivant
le monde qui s’en fout
et j’ai failli rater
l’atterrissage, plus de cinquante années
sont tombées, et j’ai cru
à l’anéantissement
ma vie n’avait rien donné
les parcelles cultivées
n’étaient que friches, détritus
bouteilles vides au milieu de mauvaises
herbes, et je ne voyais plus
autour de moi, que les jardinets proprets
les petites vies bien rangées, sur les buffets
que de morts, de morts et encore de morts
dans des cadres qui prenaient la
poussière
Un autre matin, un autre matin
un autre matin
et jamais le jour ne se lève
et jamais la nuit
ne tombe
je suis là, encore
vivant
plus que jamais
plus riche, plus fort,
plus pur
l’eau fraîche coule du
robinet
de la cuisine
et le soleil grave la vitre sale
d’histoires qui viendront
remplir cette journée
et couvrir le journal
de chiures de mouches.